50 coups de fouet administrés au blogueur Raif Badawi, encore 950 à venir


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C’est une triste semaine pour la liberté d’expression. D’abord, il y a eu l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo, qui a créé une vague d’effroi à travers le monde. Cette peur risque d’entraîner de l’autocensure de la part des journalistes et des caricaturistes, qui y penseront à deux fois avant de publier une opinion sur des sujets sensibles. Aujourd’hui est aussi la journée où le blogueur Raif Badawi recevra publiquement ses 50 premiers coups de fouet.

Enfermé depuis le 17 juin 2012 en Arabie Saoudite, son crime aurait été d’avoir fondé le « Liberal Saudi Network », où il critiquait l’intégrisme religieux dans son pays et demandait la libéralisation morale de celui-ci. Il a ainsi été mis en accusation pour avoir violé la loi anticybercriminalité et d’avoir « insulté l’islam ».

Passible de la peine de mort pour avoir commis ces crimes, la justice saoudienne lui a plutôt infligé 10 ans de prison, une interdiction de quitter le territoire pendant 10 années après sa libération, 1 million de rials (308 000$) d’amende et 1000 coups de fouet. Cette sentence a été confirmée en appel en septembre dernier.

Divers organismes internationaux dont Reporters sans frontières et Amnistie Internationale ont fait circuler des pétitions afin que le roi Abdallah accorde sa grâce à ce jeune homme de 34 ans. En vain.

Les 1000 coups de fouet seront administrés à raison de 20 sessions à intervalle d’une semaine. La première série de 50 coups de fouet lui sera infligée aujourd’hui.

Pourtant, l’Arabie Saoudite a ratifié la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. L’Arabie Saoudite applique une vision fondamentaliste de l’islam nommée le wahhabisme, qui, soulignons-le, est un courant très minoritaire au sein de l’islam.

La famille de ce jeune homme, qui se compose de sa femme et de ses trois enfants, s’est d’ailleurs réfugiée au Canada, dans la ville de Sherbrooke. Les proches de Raif Badawi sont d’ailleurs reçus à l’hôtel de ville aujourd’hui en signe de solidarité.

Ces évènements nous rappellent la chance que nous avons de vivre dans une démocratie où la liberté d’expression est protégée par notre loi la plus fondamentale qu’est la constitution canadienne. La liberté d’expression est un droit que nous venons parfois à prendre pour acquis, mais dont plusieurs personnes à travers le monde sont menacées d’être sévèrement réprimées s’ils osent l’exercer. Gardons cela à l’esprit la prochaine fois que nous prendrons la parole.